Certains observateurs s’interrogent sur la signification et le contenu réel du nouvel accord de défense signé le 17 septembre à Riyad, entre le Premier ministre pakistanais et le prince héritier saoudien. Les détails de ce pacte ne sont naturellement pas connus, mais la question est posée de la portée éventuelle de celui-ci dans le domaine nucléaire.
La réponse des autorités pakistanaises est claire : le ministre de la Défense Muhammad Asif a en effet déclaré que « les armes nucléaires n’étaient pas sur le radar » de l’accord. Les déclarations officieuses saoudiennes sont moins nettes : « C’est un accord défensif global qui implique tous les moyens militaires » et « l’accord vise à développer les aspects de la coopération de défense entre les deux pays et à renforcer la dissuasion conjointe ». En réalité, l’annonce faite le 17 septembre ne mentionne ni les armes nucléaires ni une assistance financière au Pakistan, mais l’accord stipule que « toute agression contre l’un des pays sera considérée comme une agression contre les deux ».
Le Premier ministre pakistanais a également remercié le prince héritier saoudien pour « son vif intérêt à développer les investissements, le commerce et les liens d’affaires » entre l’Arabie et le Pakistan. Il est donc clair que le royaume est disposé à poursuivre son assistance financière et à accroître les relations économiques avec son allié pakistanais dans la région. Naturellement, cet accord est regardé avec suspicion tant par l’Inde que par Israël, même si New Delhi a développé des liens économiques forts avec l’Arabie Saoudite. Quant à Israël, il s’est toujours méfié de la « bombe islamique » pakistanaise, mais il est sans doute conscient qu’il est peu probable que l’accord signé ait un volet nucléaire.
Cela ne signifie pas que, si l’Iran se dotait de l’arme nucléaire, l’Arabie n’en ferait pas autant – comme le prince héritier l’a déclaré publiquement – et se retournerait certainement vers son allié pakistanais pour l’aider à s’en doter. En réalité, cet accord visant à renforcer la coopération militaire entre Riyad et Islamabad correspond à un intérêt réciproque des deux parties mais est aussi un message clair à Washington et à Tel Aviv : L’Arabie s’inquiète de la politique jusqu’au-boutiste de Netanyahou au Moyen Orient et s’interroge sur la fiabilité des engagements du président Trump. Elle resserre donc les liens avec ses alliés traditionnels, en particulier le Pakistan, qui a de son côté besoin d’une aide des pays du Golfe pour sortir de son impasse économique.