Il est des complaisances qui sont impardonnables. Il est proprement scandaleux de constater comment certains pays, partis politiques et personnages publics — du moins qui prétendent l’être — manifestent une indulgence presque obscène envers l’un des régimes le plus exécrable et criminel du XXIᵉ siècle : le chavisme, devenu aujourd’hui une narco-dictature en bonne et due forme.
Depuis la première victoire électorale de Hugo Chávez Frías en décembre 1998 — celle-là fut claire, nette et sans fraude, contrairement à toutes les suivantes, manipulées ou truquées à des degrés divers — le Venezuela a été pris en otage par une organisation idéologico-criminelle d’ampleur colossale. L’étendue de son appareil de répression, de propagande et de prédation ne se compare qu’à l’immensité de la tragédie infligée à son peuple. Ce n’est pas un accident de l’histoire ni un simple gouvernement corrompu : c’est le projet délibéré d’une mafia. Comme l’a écrit Moisés Naím dans Foreign Affairs : « Le Venezuela est passé d’une démocratie imparfaite à un État mafieux ».
Le mythe du “bon Chávez”
Il est extrêmement grave que même parmi certains opposants au chavisme, on tente de tracer une ligne de séparation entre Chávez et Maduro. Un tel exercice ne fait que blanchir l’artisan de la catastrophe. Prétendre que la clique mafieuse et communiste qui opprime aujourd’hui le Venezuela n’est qu’un accident lié à Maduro revient à suggérer qu’avec Chávez vivant, le régime aurait été différent. Rien n’est plus éloigné de la réalité. Chávez était plus brutal, infiniment plus marqué idéologiquement, beaucoup plus charismatique et rusé que son successeur. Croire qu’il aurait évité la dégradation est une dangereuse illusion. Maduro n’est pas la dégénérescence du chavisme, mais sa conséquence logique. La matrice criminelle et narcotrafiquante était déjà incluse dans son projet dès les premières années.
Un État au service du crime
La bande chaviste (armée, services de renseignement, police, administration et parti unique) est tout entière au service de l’oppression, du crime organisé et de l’enrichissement obscène de ses partisans. Elle a commis d’horribles crimes contre son propre peuple, ruinant un pays immensément riche — le plus riche en réserves de pétrole au monde, et le deuxième en gaz naturel. PDVSA, jadis joyau de la couronne, a été anéantie. D’exemple de gestion professionnelle malgré la corruption endémique de l’ancienne démocratie, l’entreprise est devenue une caisse noire, pillée par militaires, politiciens et prête-noms. Ricardo Hausmann, ancien ministre et professeur à Harvard, a résumé : « La destruction de PDVSA est le plus grand cas de suicide corporatif provoqué par la politique dans l’histoire moderne ».
La tragédie humaine
La dimension de la tragédie humaine est accablante. Ce régime implacable a provoqué le plus grand exode du XXIᵉ siècle : plus de huit millions de Vénézuéliens forcés à l’exil, selon le HCR, soit davantage que les flux provoqués par la Syrie ou la région des Grands Lacs africains. Aucune autre catastrophe politique n’a engendré un tel arrachement en si peu de temps. L’incompétence, l’avidité et la cruauté de ses dirigeants n’ont pas d’équivalent depuis trois décennies.
La responsabilité de l’Occident
Face à ce désastre, l’Occident, comme si souvent, s’est divisé en camps honteux : ceux qui ont soutenu ouvertement la mafia chaviste ; ceux qui en ont profité sans totalement l’assumer ; ceux qui s’y sont opposé du bout des lèvres ; et une minorité — celle qui crie dans le désert depuis vingt-sept ans — qui a dénoncé la bestialité, le pillage et la corruption systémique.
Sans l’appui du narco-chavisme, hier pétrolier et aujourd’hui criminel, la dictature cubaine se serait effondrée depuis longtemps. Et sans cet axe, l’essor de l’extrême gauche en Amérique latine — et au-delà, jusqu’en Espagne — n’aurait pas eu la même intensité. Des dizaines de millions d’êtres humains seraient aujourd’hui libres. La responsabilité morale de ceux qui ont soutenu, justifié ou tiré profit de cette bande de forcenés déguisés en gouvernement est immense : ils ont été complices de la mise sous tutelle de trente millions de Vénézuéliens.
L’Amérique et le cartel des Soles
En Europe, nous critiquons souvent les politiques de Washington heurtant nos intérêts. Il convient cependant de reconnaître la fermeté de l’administration Trump face au chavisme. La stratégie visant à encercler la narco-dictature fut en grande partie conçue par le sénateur Marco Rubio. Le contrôle maritime du Cartel de los Soles — monstrueuse entreprise de narcotrafic dirigée par des militaires vénézuéliens — pourrait enfin toucher à sa fin. Comme l’a souligné Douglas Farah, chercheur à la National Defense University, « le Cartel de los Soles est la plus grande entreprise criminelle d’Amérique latine, protégée par l’État vénézuélien ».
Un axe de déstabilisation mondial
Il est impossible pour un État souverain de prétendre à la souveraineté et au respect s’il tire parti des morts causées par trafic de drogue. Nul État ne saurait être admis dans la communauté internationale en soutenant la gauche radicale héritière du communisme le plus sanguinaire, en s’alignant à la dictature cubaine et au tyran grotesque du Nicaragua, ou en agissant comme agent du régime iranien. Le chavisme est l’épicentre d’un axe de déstabilisation qui va de Téhéran à La Havane. Comme l’écrit le politologue Frédéric Charillon : « Les dictatures qui survivent au XXIᵉ siècle le doivent moins à leur solidité interne qu’aux alliances extérieures qui les protègent ».
Vers la fin inéluctable
Le retour de la liberté au Venezuela aura une portée mondiale. Ce sera non seulement la joie et le soulagement des Vénézuéliens, mais aussi la chute de l’une des machines d’oppression, de crime et de narcotrafic les plus répugnantes du siècle. Václav Havel nous avertissait : « L’indifférence envers le mal est plus insidieuse que le mal lui-même ». Trop d’indifférence a entouré le Venezuela.
La narco-dictature communiste-chaviste est un mélange mortel d’idéologie, de crime et de répression. Elle a ravagé un pays riche, semé la douleur parmi son peuple et contaminé tout un hémisphère. Sa chute sera un motif de célébration universelle. Jusque-là, ceux qui continuent à dénoncer cette ignominie avons le devoir moral de ne pas nous taire.